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Le palais royal de Stockholm

La demeure officielle des monarques de Suède

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Situé dans la « vieille ville » (Gamla Stan) de Stockholm, au bord du Norrström, le palais royal de Stockholm fut construit à partir de la fin du XVIIe siècle sur les ruines de l’ancien château fort des Trois Couronnes (Tre Kronor). La demeure est devenue la résidence officielle de la famille royale de Suède dès 1754 lorsque le roi Adolphe-Frédéric de Suède et la reine Louise-Ulrique de Prusse ont décidé de s’installer alors que les travaux n’étaient pas encore achevés. Symbole de la puissance suédoise, la résidence abrite également deux musées et les joyaux de la couronne dans la salle du trésor.

L’île de Stadsholmen, sur laquelle est situé le palais royal, forme avec les îles de Helgeandsholmen au nord et de Riddarholmen à l'ouest la « vieille ville » (Gamla Stan) de Stockholm. Dans ce quartier historique de la capitale suédoise, fondé au XIIIe siècle, se dressent de nombreux édifices historiques, religieux et culturels : le Parlement (Riksdag), le palais de la Noblesse (Riddarhuset), la Cathédrale de Stockholm (Storkyrkan), l’église de Riddarholmen, le palais Tessin ou encore le cabinet royal de la Monnaie.

Sur la place Stortorget, au centre de la ville et à moins de deux cents mètres du palais royal, eu lieu en 1520 le « bain de sang de Stockholm ». Après avoir envahi la Suède quelques mois plus tôt, le roi Christian II de Danemark organisa trois jours de fêtes au château des Trois Couronnes et promit une amnistie aux partisans de son ennemi, le régent de Suède Sten Sture le Jeune. Mais lorsque les festivités s’achevèrent, le roi ordonna l’arrestation pour hérésie de plus de 80 nobles et citoyens suédois. La plupart d’entre eux furent décapités sur Stortorget.

La forteresse des Trois Couronnes fut construite au Xe siècle et achevée au milieu du XIIIe siècle. Le régent de Suède Gustave Ier Vasa, qui mena la rébellion victorieuse contre le Danemark suite au « bain de sang », renforça la défense du château. L’édifice se transforma dans le style de la Renaissance sous le règne de son fils Jean III et fut agrandi au cours du XVIIe siècle pour accueillir l’administration du pays. De 1692 à 1695, l’architecte suédois Nicodème Tessin le Jeune réaménagea complètement la partie nord du château, ainsi que l’étage supérieur.

Le 7 mai 1697, un incendie consuma la quasi-totalité du château à l’exception de l’aile nord. Tessin le Jeune eut pour mission de reconstruire le monument cette fois-ci sur les bases de nouveaux plans. Malgré des difficultés financières en partie causées par les guerres du roi Charles XII, les travaux un temps arrêtés purent reprendre jusqu’à la mort de Tessin le Jeune en 1728. L’architecte Charles Hårleman poursuivit fidèlement l’œuvre de Tessin le Jeune en reprenant ses plans originaux. Le roi Adolphe-Frédéric de Suède et la reine Louise-Ulrique de Prusse quittèrent en 1754 leur résidence provisoire afin de s’installer au palais royal dans la partie inférieure de l’aile nord. Le palais fut entièrement aménagé en 1771. L’électricité a été installée en 1883 et le téléphone en 1884.

Un palais de style baroque

Le palais royal est composé de quatre façades dirigées chacune d’entre elles vers les quatre points cardinaux et abrite plus de 1 430 pièces. La cour extérieure au sein de laquelle se déroule la relève quotidienne de la garde à midi, est située à l’ouest de l’aile ouest. La cour intérieure, influencée par celle du palais du Louvre, est entourée par les quatre ailes du palais. Située entre le musée des Antiquités de Gustave III et l’Armurerie royale, la terrasse Logården contient deux amphores de marbre importées d’Italie par le roi Gustave III. Deux ponts relient le château à l’île de Helgeandsholmen où se trouve le parlement suédois et le musée du Moyen Âge de Stockholm ainsi qu’à la rue de Strömgatan près de l’opéra royal de Stockholm.

Dans l’aile sud du palais se trouve la salle du Trône aux styles classique et rococo. Elle renferme le trône d’argent de la reine Christine de Suède offert en 1650 à la souveraine pour son couronnement par l’homme d’État suédois Magnus Gabriel De la Gardie. Il fut fabriqué par Abraham Drentwett, orfèvre allemand. Le dais réalisé par le dessinateur et architecte suédois Jean Eric Rehn fut ajouté lors du couronnement du roi Adolphe-Frédéric en 1751. La salle était utilisée jusqu’en 1975 pour la cérémonie d’ouverture du parlement suédois et sert actuellement pour d’autres événements officiels.

La chapelle royale se trouve également dans l’aile sud du palais. Achevée à la réouverture du château en 1754, elle abrite six couronnes de bronze, deux couronnes de cristal et des reliques de la forteresse des Trois Couronnes, comme des bancs commandés par Tessin le Jeune avant l’incendie de 1697 et réalisés par Georg Haupt, ébéniste suédois. La chapelle est ouverte au public deux fois par semaine et accueille des concerts de musique classique. Une messe est toujours célébrée chaque dimanche pendant toute l’année à onze heures.

L’armurerie royale, le plus ancien musée de Suède, est située sous les salles voûtées de l’aile est du palais. Le roi Gustave II Adolphe y exposa en 1628 ses costumes tachés de sang au combat, ses armes et ses armures héritées des anciens souverains. Une collection dédiée aux cinq dynasties depuis celle de Gustave Ier Vasa jusqu’à celle des Bernadotte est actuellement présentée ainsi que des costumes cérémoniels et des carrosses provenant des écuries royales. Des expositions ont été consacrées à la politique des régents suédois ou à l’histoire européenne.

Les appartements officiels

Depuis 1981, le château de Drottningholm* est devenu la résidence privée de la famille royale. Le palais royal de Stockholm est actuellement la demeure officielle des monarques suédois et certains de ses appartements sont utilisés pour les cérémonies officielles. Les appartements d’apparat, situés dans l’aile nord, sont le théâtre des banquets offerts par le roi aux chefs d’État étrangers ainsi qu’aux festivités en l’honneur des lauréats du prix Nobel. Les repas sont servis dans la galerie de Charles XI dont le décor a été inspiré par la galerie des Glaces du château de Versailles. Chaque fenêtre de la salle contient une niche dans laquelle est exposée une œuvre d’art, comme une salière en ivoire et en argent créée par Rubens. La pièce appelée la « Mer blanche » sert de salle de réception.

La chambre d’apparat de Gustave III et celle de son épouse la reine Sophie-Madeleine de Danemark ont été décorées par Jean Eric Rehn. Les linteaux des portes menant à la salle Don Quichotte, qui contient des tapisseries, ont été peints par François Boucher et figurent parmi les décors les plus prestigieux du palais.

Les chefs d’État étrangers en visite séjournent dans les appartements des invités constitués du salon Meleager où sont échangés les cadeaux officiels, du Salon intérieur dont le décor est inspiré des fouilles archéologiques de Pompéi, et de la chambre Margareta qui porte le nom de la grand-mère de l’actuel souverain, Margaret de Connaught, et dans laquelle sont exposés plusieurs de ses tableaux.

Les appartements Bernadotte sont situés dans l’aile nord du palais et abritent une somptueuse galerie de portraits des membres de la dynastie Bernadotte ainsi que quatorze chambres. La galerie, dont les plafonds ont été peints au milieu du XVIIIe siècle, est utilisée pour certaines cérémonies. Les investitures se déroulent dans la salle des Colonnes, alors que les ambassadeurs étrangers sont reçus par le roi dans le cabinet octogonal au style rococo.

Deux musées et une salle du trésor

Le musée des Antiquités de Gustave III, situé dans l’aile nord-est, a été inauguré en 1794 afin de préserver la mémoire du roi qui fut assassiné d’un coup de pistolet le 16 mars 1792 au cours du bal masqué de l’opéra royal de Stockholm. Ce musée exposait à l’origine plus de deux cents œuvres acquises lors du voyage du souverain en Italie en 1783 et 1784. La collection fut déplacée en 1866 au musée national des beaux-arts (Nationalmuseum) situé au sud de la presqu’île de Blasieholmen. La galerie principale fut rénovée en 1950 et les galeries secondaires dans les années 1980. Grâce à ces travaux, la collection put retourner dans le musée. L’œuvre majeure est une statue d’Endymion, berger de la mythologie grecque qui fut jeté dans les Enfers par Zeus pour s’être épris d’Héra et qui fut puni d’un sommeil éternel. La Prêtresse, œuvre du sculpteur suédois Johan Tobias Sergel, figure également parmi les pièces majeures du musée.

Le musée du Château est installé sous l’aile nord du palais dans les ruines de la forteresse des Trois Couronnes. Deux maquettes de l’ancien château illustrent les transformations qui eurent lieu au cours du XVIIe siècle. Un verre à schnaps, des pots d’ambre et des coupes de cristal de montagne sauvés de l’incendie de 1697 sont également exposés sous des voûtes de brique des XVIe et XVIIe siècles et le long d’un mur défensif du XIIe siècle.

Au sud du palais, sous la salle du Trône, les joyaux de la Couronne sont précieusement gardés dans la salle du trésor. L’épée de Gustave Ier Vasa, la couronne, le sceptre, l'orbe et la clé du royaume du roi Éric XIV sortent de leur vitrine en de rares occasions lors des mariages, baptêmes et funérailles. Une tapisserie des années 1560 orne l’un des murs de la chambre. Elle faisait partie d’un ensemble de sept tapisseries et fut la seule sauvée de l’incendie de 1697. Les fonds baptismaux en argent fabriqués par Jean-François Cousinet sont toujours utilisés pour les baptêmes royaux, comme lors du dernier baptême, le 9 septembre 2016, du prince Alexandre de Suède, fils du prince Carl Philip de Suède et de la princesse Sofia.

*Le château de Drottningholm

Construit à partir du XVIe siècle par le roi Jean III pour son épouse la reine Catherine Jagellon, le château de Drottningholm, situé sur l'île de Lovön du lac Mälar, est devenue la résidence privée de la famille royale de Suède depuis 1981. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l´UNESCO, la demeure est accessible aux visiteurs tout au long de l’année. Le château est l’un des mieux conservés de Suède et se distingue entre autres par son Pavillon chinois qui a inspiré le Village chinois du palais Alexandre à Tsarskoïe Selo, son théâtre du XVIIIe siècle, son jardin baroque et son parc à l’anglaise.

Article paru dans Point de vue Histoire n°34

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